La Légende de Liyt

Bon, bin, j'inaugure avec une de mes nouvelles assez récente :

La légende de Liyt

C’était un jour noir. Les nuages cachaient le Soleil. Pourtant, il ne pleuvait pas, mais aucun rayon ne transperçait l’épaisseur impressionnante de vapeur d’eau. L’air en devenait extrêmement lourd. C’était un jour comme il en arrive parfois dans l’année. Le Soleil aspirait l’eau dans le ciel et l’empêchait de retomber.
Liyt ne s’en inquiétait pas. Elle ne le sentait plus. Elle ne voyait plus. Elle n’entendait plus. Rien ne pouvait plus la troubler. Elle s’apprêtait à mourir. Seule. Mais, lorsqu’elle ne fut plus qu’à quelques pas de la mort, elle sentit une présence. Tout près. Sa curiosité l’emporta sur son désespoir. Elle retira l’énorme patte verte de devant ses yeux et vit un elfe. Il avait les cheveux noirs. Il portait une femme rousse dans ses bras. Elle semblait morte. Pourtant, une flamme de vie brûlait encore en elle. L’elfe prit la parole :
« Ô Créature des cieux. Maîtresse de l’air et de la nature. J’implore ton pouvoir pour faire revivre celle que j’aime ! »
Il déposa sa bien-aimée dans l’herbe devant la dragonne aux écailles qui semblaient avoir leur propre lumière verte. Celle-ci tendit le museau et toucha la chevelure éclatante de la petite créature. Son souffle la fit frissonner. La femme roula sur elle-même et l’elfe sauta à terre, il s’exclama :
« Ô grande, intelligente, magnifique et puissante Créature des cieux ! Je te remercie ! Que puis-je faire pour toi en retour ?
- Pars. Pars loin et ne reviens plus. Laisse-moi dans mon désespoir. Laisse-moi mourir seule petite créature.
- Ô Grande Créature, qu’y-a-t-il ?
- Laisse-moi. »
Liyt se retourna et se recoucha. Elle voulait dormir. Pour toujours.
« Puis-je t’aider ?
- Non.
- D’où vient ce désespoir, Ô Grande Créature ?
- Va-t-en, fit-elle en écartant les ailes d’un air menaçant.
- Non, répondit-il en se protégeant d’un bras frêle et tremblant. Je ne te laisse pas ainsi.
- Ta persévérance me plait petite créature. »
La dragonne se releva puis s’assit face à l’elfe, toujours à genou aux côtés de sa bien-aimée. Il lui caressa le visage, lui glissa quelques mots à l’oreille puis se releva pour faire face à la dragonne. Celle-ci se leva gracieusement et regarda la petite créature de toute sa hauteur. L’examen dura quelques minutes ou plusieurs heures. Personne n’en sait rien. Dans la petite clairière désolée où ils se trouvaient, il n’y avait aucun mouvement d’air, ce qui aggravait la sensation d’arrêt total du temps. Lorsque la première goutte d’eau tomba, ce fut sur le front de la femme allongée à terre. C’est le moment que choisit la dragonne pour parler. Elle savait que les elfes avaient horreur de la pluie, qu’ils la trouvaient désagréable. Elle savait aussi qu’après un jour noir, la pluie était très abondante, elle symbolisait le renoncement du Soleil à soutenir toute l’eau qu’il avait amassé.
« Très bien petite créature. Tu voulais savoir ce que j’ai bien pu faire pour souhaiter la mort ?
- Oui Ô Grande Créature, je le veux. Je veux le savoir pour t’aider à surmonter cette peine et te redonner ta joie de vivre.
- Malheureusement, je n’ai plus de raison de vivre. Mon protégé est mort. J’ai failli à ma mission. Sauf si tu as le pouvoir de le ressusciter, je doute que tu puisses me redonner une raison de vivre.
- Si Grande sois-tu, tu es aussi sensible et éveillée que moi. Regarde-moi. Ai-je une raison valable de vivre ?
- Oui, tu as encore celle que tu aimes.
- Non. Tu lui as évité la mort, certes, mais elle n’est plus la même. Se souvient-elle encore de moi ?
- Non, certainement pas. Après une telle expérience, je doute qu’elle sache encore parler.
- Alors, ai-je moi aussi des raisons de vivre ?
- Je ne sais pas.
- Non. Je n’en ai pas plus que toi. »
L'elfe savait très bien que d'un simple mouvement de la patte, la dragonne verte pouvait lui donner la mort, pourtant, il la provoquait. Il voulait lui montrer, lui prouver, que sa vie valait encore d'être vécue.

« Viens, suis-moi Ô Magnifique créature, je veux te montrer quelque chose, je veux te montrer ce que tu manquerais si tu mourais. »
L'elfe pris sa Bien Aimée dans les bras et disparut dans les buissons. La dragonne hésita. Valait-il mieux se faire berner par une petite Créature ou mourir directement ? Elle n'avait qu'une confiance limitée envers cet Elfe sorti de nul part. Mais. Il avait quelque chose de plus. Quelque chose qui l'attirait. Le même "quelque chose" qu'avait son ancien protégé, Felyn. Felyn Wonderl, le frère de la créatrice du monde dans lequel elle ne trouvait plus sa place.
Elle décida de suivre. Peut-être découvrira-t-elle quelque chose d’heureux.
L’elfe courait entre les arbres. La femme dans ses bras ne semblait pas le gêner, elle ne pesait rien. Il savait où il allait. Rien ne l’arrêterait. Il courait le plus vite possible, comme si la dragonne risquait de le dévorer à tout instant. Celle-ci décida de le suivre par la voie des airs. Il lui serait plus dur de repérer la petite Créature mais plus simple de se déplacer. L’elfe ne montrait aucun signe de fatigue, il courait, sous la pluie, juste pour le plaisir de courir. La dragonne décida de l’imiter. Qu’y a-t-il de plus beau que le fait de voler dans les airs ? Elle prit de la hauteur et prit plaisir à sentir l’air sur ses ailes, le long de sa tête, de son long cou, de son échine jusqu’au bout de sa queue. Elle monta plus haut encore, regarda autour d’elle et vit la beauté du monde qu’elle avait failli quitter.
« Mais, où m’emmènes-tu petite Créature ?
- Appelle-moi Ergyn »
La dragonne se laissa porter par la voix de l’elfe. Elle le suivit encore quelques minutes, puis il s’arrêta, au bord d’une falaise. En tombant, l’eau avait emmené une partie des nuages avec elle, laissant un petit passage aux rayons du Soleil, ses ambassadeurs. Ces rayons formaient, en se reflétant sur les gouttes d’eau qui ne s’arrêtaient pas de tomber, un magnifique arc-en-ciel qui surplombait l’immense forêt bleue que formait la mer. Cette magnifique plaine d’eau s’allongeait jusqu’à un grand nuage de brume, à plusieurs milliers de kilomètres au Sud. La pluie, en rencontrant l’eau salée, formait des millions de petits cercles sur la surface calme de la mer.
La lisière de la forêt se situait à environ dix mètres de la chute stupéfiante du relief, ce qui permit à Liyt de se poser près d’Ergyn. Celui-ci posa sa femme à terre et s’approcha du bord. La dragonne l’imita, elle allongea le cou et regarda en bas. Les vagues ne frappaient pas la falaise directement, mais il existait une plage de sable fin, d’environ cinq mètres de large. S’ils sautaient, ce ne serait pas l’eau qui les attendrait.

Ergyn semblait hypnotisé par cette étendue de sable. Il la fixait avec des yeux brumeux, comme s’il hésitait, ne savait pas ce que ça allait faire. Comme un élève n’arrivant pas à se décider à verser le flacon de droite dans le flacon de gauche car il ne connait pas le résultat de ce mélange ni la réaction de son professeur.
Finalement, l’elfe décida de s’assoir au bord du précipice, les jambes ballantes dans le vide. Il hésita encore quelques secondes. Il contempla le paysage de mer qui s’étendait devant lui. Il se retourna, regarda sa femme, toujours inconsciente, allongée au sol. Puis, ses yeux retournèrent se fixer sur la plage de sable fin, à ses pieds.
Liyt l’observait depuis quelques minutes lorsque qu’un oiseau, un rapace, attira son regard. Il volait sur leur droite. Il était grand et majestueux. Son pelage était lisse et luxueux. Il ne semblait pas sauvage. Soudain, au coin gauche de son œil, Liyt remarqua un mouvement, infime. Sa tête tourna. Ergyn avait disparu. Il avait sauté.

La dragonne ne prit pas le temps de réfléchir à quoi que se soit, il avait sauté, il avait détruit la promesse silencieuse qu'ils s'étaient faite. Elle ne voulait pas sauter, elle voulait lui montrer qu'elle pouvait être plus forte et tenir plus longtemps. Mais son corps n'était pas du même avis, elle sauta à son tour.
L'air lui fouettait le visage, elle voyait parfaitement l'elfe en dessous d'elle. Étant plus lourde, elle tombait plus vite, elle arriva finalement à son niveau. Leurs regards se croisèrent. Liyt lui en voulait, mais elle n'avait pas assez de force pour se mettre en colère. Ergyn semblait indifférent. Il regardait la dragonne, comme s'il la voyait pour la première fois, comme si elle lui était inconnue. Le fait que la mort s'approchait de lui ne l'affectait aucunement. Liyt lui tourna le dos et se plaça en dessous de lui.
La main de l'elfe effleura le dos aux écailles vertes. Ce fut une merveille, comme un déclenchement. Ce contact permit aux deux consciences de se rencontrer, pour la première fois. Il n'y avait plus de dragon. Il n'y avait plus d'elfe. Il y avait un couple parfais dont les deux consciences se complétaient à merveille. Il n'y avait plus qu'une entité. Leurs ailes s'étendirent, ils virent la plage, en dessous d'eux, ils l'évitèrent, au dernier moment. Ils montèrent vers le ciel. Vers la liberté. Ils étaient seuls, ils n'étaient qu'un. Ils étendirent leur bras, s'accrochèrent à leur pic dorsal, placèrent leur jambes à califourchon sur leur dos écailleux. Ils volèrent. Jusqu'à la mort.


Liyt se réveilla en sursaut. Quelque chose, quelqu’un était près d’elle. Il faisait nuit noire. Elle se leva. Son dragonnier, à ses côtés l’imita. Leurs regards se dirigèrent vers la même direction. Un point brillant, reflétant la lueur argentée de la lune. Un objet. Métallique. Une corde relâchée. La flèche fuse, plus rapide qu’une flèche normale. Personne n’a le temps de faire le moindre geste. Elle se plante dans la poitrine du dragonnier, dans son cœur. Felyn tombe à terre. Liyt le regarde, ses yeux s’enflamment, elle déverse toute son âme. Elle pleure tout son corps. Son dragonnier, son protégé, son ami. Il est mort.


Dites-moi ce que vous en pensez, je veux avoir vos impressions !!! Sinon j'en écris pas d'autre... (la menace !!! )

...La légende de Liyt...ça me dit quelque chose !!!^^
Elle et géniale ta nouvelle...enfin le début vu qu'on a pas encore la suite!!^^

Que ton imagination reste acérée ma best!!!
pissous

Magnifique ma Camy (trop fier d'avoir une copine futur écrivain !!! *o*)